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QUAND LE JAZZ EST LÀ !

Max Bontoux

 

Villes-sur-Auzon n’avait pas son Festival, mais c’est chose faite depuis une dizaine d’années grâce à l’initiative et à l’énergie de son président Max Bontoux accompagné des membres du Comité des Fêtes, des élus et des bénévoles séduits par le jazz. Cet enfant du pays nous raconte la belle aventure qui l’a conduit à inviter les plus grandes pointures du jazz à se produire sur la place du village envahie par un public de plus en plus nombreux.

 

Du billard au jazz…

Depuis plus de 20 ans, je m’investis dans l’événementiel, et j’ai organisé et créé pour la Fédération Française de Billard plus de 100 finales du championnat de France.

Mais aussi des championnats d’Europe et du Monde sur le territoire français, des nuits des sports et bien d’autres événements encore… Et c’est en 2004 que M. le Maire et le président du Comité des fêtes de Villes-sur-Auzon, où j’ai grandi et vécu jusqu’à l’âge de 21 ans, m’ont demandé de bien vouloir me pencher sur un projet festif.

Ce projet ambitieux présenté au conseil municipal et au comité des fêtes n’a pas séduit tout le monde dès le début. La majorité des présents "voulaient voir avant"...

Malgré cela et avec l’appui du président du comité des fêtes, le projet a pris forme et a vu le jour pour la première édition en juillet 2005.

Bien sûr, l’aide de la municipalité a été d’un grand confort, ainsi que celle du conseil général et du conseil régional. Je n’oublie pas les partenaires qui ont cru à cette aventure dès le début...  Merci à eux aussi !

Plus de 600 personnes ont répondu "Présent" pour la première soirée, et la jauge n’a pas cessé de monter pour arriver tous les soirs à un minimum de 1000 spectateurs depuis plus de 10 ans et en 2015, nous devrions atteindre le 50 000e spectateur.

Un groupe de bénévoles d’une quinzaine de personnes est tous les soirs "sur le pont" et se donne à fond pour cet événement qui nous tient à cœur. Notre festival est devenu incontournable et un élément majeur du monde du jazz dans notre grande région.

 

Une programmation ambitieuse

Nous avions le choix dans la programmation : soit du jazz contemporain, soit du jazz traditionnel.

Une partie des spectateurs sont des personnes qui connaissent peu ce genre de musique : très souvent des gens de passage, touristes et villageois en recherche de soirées spectacles.

Cette formule a su générer une passion grandissante auprès des festivaliers, et on retrouve d’année en année des amateurs de jazz en demande.

Le mot "passion" est lâché : nombre d’habitants de Villes-sur-Auzon n’ont pas manqué une seule soirée pendant les 10 premières éditions. C’est à la fois grâce à la découverte et au talent des musiciens qui se sont succédés. Ils ont envoûté les novices et conforté les passionnés.

Il ne fallait pas se tromper dans le choix des groupes.

Ma passion pour cette musique m’a aidé à choisir les meilleurs musiciens en adéquation avec notre budget. Il faut ensuite trouver les artistes capables de remplir cette magnifique place du 8 mai faite pour ce genre de concert.

Pour cela il faut rencontrer des artistes et des groupes. Rien de plus facile dans notre région  car il y a des festivals de jazz de Nice à Montpellier tout au long de l’été. Il suffit d’aller voir les spectacles pour vraiment les apprécier : écouter en live plutôt que sur Internet. On rencontre les artistes et les agents qui peuvent répondre à toutes nos questions. J’appelle cela "faire mon marché". J’assiste à plus de 50  spectacles par an et j’en retiens une dizaine. Mes critères de sélection (top secret) me permettent de garder les 5 groupes qui joueront pendant les 5 soirées sous les platanes.

Ce travail est long et laborieux, les négociations sont de plus en plus dures. Heureusement  des artistes ou des agents ont compris l’importance de villages comme le nôtre pour le développement du jazz.

Cela permet de faire connaître cette musique au plus grand nombre, et pas seulement à des "seniors", comme on pourrait le croire. De plus en plus de jeunes gens viennent remplir les rangs de notre festival. La demande a été telle que nous sommes passés de 4 à 5 soirées dont 4 soirées gratuites et une soirée Prestige à entrée payante.

 

Quelques grands noms du jazz  ont joué sur cette place.

En 2005, Alain RATIER et Christian BEDOY ont été les premiers d’une longue liste.

Suivra Marcel ZANINI et son "Tu veux ou tu veux pas" en 2006.

Le regretté Maxime SAURY fut le Prestigieux musicien en 2007.

Éric LUTER, fils de Claude LUTER bien sûr, a assuré la soirée Prestige en 2008.

En 2009, accompagné par le Jazz Band de Nîmes, nous avons pu apprécier le saxo soprano avec qui Sidney BECHET à composé "Petite Fleur", sous les doigts d’Olivier FRANC en début de festival. Les HARICOTS ROUGES des sixties, avec dynamisme et humour, ont conquis la foule, avec plus de 1100 spectateurs ce soir-là en "standing ovation".

En 2010, les filles étaient à l’honneur avec Rhoda SCOTT et LADIES 4tet. 1100 personnes ont pu applaudir cette formation féminine. Quels souvenirs ! Quelle grande artiste Rhoda SCOTT ! Simplicité et générosité sont les adjectifs qui la décrivent le mieux.

2011, année de l’homme spectacle, homme de télévision mais néanmoins un très grand musicien Christian MORIN a su s’adapter à la chaleur du public venu nombreux écouter l’homme et "sa clarinette magique".

2012, un grand homme du jazz, qui a joué avec les plus grands musiciens du monde, était à Villes-sur-Auzon sous les platanes. Monsieur Claude BOLLING ! Quel musicien... On connaît tous ses génériques de films. Les plus connus sont "Les brigades du tigre" et "Borsalino".

En 2013 on a osé le plus grand saxophoniste de jazz des USA : Scott HAMILTON en tournée en France et accompagné du célèbre chef d’orchestre Dany DORIS, également propriétaire du "Caveau de la Huchette" à Paris. Merci à lui pour avoir fait venir Scott à Villes-sur-Auzon.

Nous lui devons aussi Manu DI BANGO qui a mis le feu sur cette place désormais mythique.  Quel artiste ce Manu... oui je l’appelle Manu. C’est lui qui me l’a demandé en m’offrant son dernier album. Il a trouvé ce petit village très accueillant et m’a demandé si tout le village était là... Grand musicien, grand homme, grand philosophe. Il fut disponible et plein d humour malgré son agent qui veille sur lui comme sur un chef d’état. Il a reçu des mains du nouveau maire du village la médaille de la ville, autour d’un grand buffet.

C’est aussi cela l’accueil au festival de Villes-sur-Auzon.

 

Qui vient au festival ?

C’est la question que l’on se pose souvent, et une étude a été menée pour comprendre et apporter éventuellement des modifications tout au long de ces dix ans.

Il en résulte que 35% des spectateurs sont des habitants du village, 5% des touristes du village, 40 % vivent dans le département du Vaucluse (touristes compris), et les 20% restants viennent de l’extérieur (région PACA pour moitié, le reste de la France et les touristes étrangers pour 10% environ).

 

Que recherche t-ils ?

Généralement du jazz traditionnel. Ce sont des airs connus par la majorité des festivaliers qui se souviennent des années 50/60, quand cette musique nous a fait connaître les plus grands musiciens tels que Duke Ellington, Count Basie, Glenn Miller, Ella Fitzgerald, Louis Armstrong,  Sidney Bechet, et plus près de nous Miles Davis et Lionel Hampton.

En privilégiant ces répertoires la plupart du temps, on peut aussi "sortir de ces sentiers" en faisant découvrir des musiques cousines tels que le Jazz Manouche, qui a, en ce moment, le vent en poupe - un mélange de Jazz et de Blues - des compositions nouvelles de musiciens professionnels tels que Claude BOLLING et ses musiques de films - Les HARICOTS ROUGES  qui transmettent en plus la bonne humeur, etc...

Finalement, le Festival propose une programmation éclectique qui s’adresse au plus grand nombre et qui apporte l’esprit « jazz » qui manquait certainement au pied du Ventoux ! Mais plus que tout, le Festival apporte un caractère culturel à Villes-sur-Auzon qui est désormais le village du Ventoux où l’on swingue le plus !